One Health : Homme, Animal, Environnement
Saviez-vous-vous que l’OMS estime que 60% des maladies infectieuses chez l’homme sont d’origine animale ?
Que plus de 200 maladies d’origine animale connues constituent une menace avérée pour la santé humaine et animale ?
Et que bien avant le Covid-19, entre 1995 et 2008, on estimait déjà à plus de 120 Milliards de dollars l’impact économique mondial des épizooties ?
Source : OIE
Retenez ce concept : One Health
Le concept de One Health (« une seule santé »), ou d’Approche Globale de la Santé, part du principe que santé humaine, animale et environnementale sont intimement liées et interconnectées, que ce soit au niveau local, national ou planétaire.
Pour l’OIE, sa mise en œuvre passe par « de nouveaux mécanismes amenant tous les acteurs à s’informer mutuellement et à agir d’une manière concertée, en liaison avec les gestionnaires de la santé publique qui travaillent le plus souvent dans nos pays membres sous l’égide des ministères de la Santé, qu’ils soient fonctionnaires de l’État, personnels de collectivités ou médecins libéraux ».
Cette prise de conscience vient d’un risque épidémiologique croissant, mais aussi en réaction à l’hyperspécialisation médicale et au morcellement des disciplines de santé (animale et vétérinaire).
De nombreuses maladies sont donc transmises à l’homme par les animaux, directement ou indirectement.
Source : OMS
On distingue alors l’animal hôte naturel (ou réservoir), l’animal intermédiaire qui permet l’adaptation à l’Homme, puis le vecteur, qui permet sa transmission.
Ainsi, un virus qui effectuait encore, en automne 2019, son cycle biologique dans une population de chauves-souris quelque part en Asie (hôte naturel), émerge, quelques mois après, sur un marché chinois pour s’étendre à la terre entière en mars 2020 sous le nom de SARS-CoV-2. Apparemment, ce virus est entré en contact avec un autre virus transporté par le pangolin (hôte intermédiaire) et aurait repris de celui-ci un gène très agressif pour l’être humain. Ici, pas besoin de vecteur animal, la transmission se fait directement entre humains (si par exemple les moustiques avaient été vecteurs, il aurait en plus fallut lors du confinement s’équiper de moustiquaires !)
Les animaux intervenant dans ces chaines de transmission sont donc nombreux et variés.
Les oiseaux sont à ce jour les hôtes naturels les plus importants, avec les grippes aviaires très recombinantes grâce au cochon.
Mais la chauve-souris est la star en puissance des réservoirs de virus (Ebola, Sras, Mers, Covid-19), grâce à son système immunitaire particulier.
La star des hôtes intermédiaires est donc le cochon :
- Grippe espagnole de 1918 (croisement grippe humaine et grippe aviaire H1N1 ) : entre 20 et 50 millions de morts
- Grippe asiatique de 1956 ((croisement grippe humaine et grippe aviaire H2N2 ) : entre 1 et 3 millions de morts, dont 15 000 en France
- Grippe de HongKong de 1968 (croisement grippe humaine et grippe aviaire H3N3) : 1 million de morts
- Grippe aviaire H5N1 (croisement grippe humaine et grippe aviaire, avec transmission à l’Homme par des oiseaux d’élevage) depuis 1997.
En nombre de cas, le vecteur principal reste encore le moustique :
- Paludisme : en 2017, on comptait 219 millions de personnes malades et 435 000 décès.
- Dengue : 25 000 morts par an sur 400 millions de cas par an.
Sur l’infographie ci-dessus, datant de 2012, vous voyez également apparaitre un facteur environnemental (isotherme), qui explique l’apparition de cas en France depuis 2010 (cf. partie suivante)
- Fièvre du Nil occidental (hôte naturel : les oiseaux), depuis 1937 en Orient, et 1960 en France
- Chikungunya depuis 2005
- Zika depuis 2013
- La fièvre jaune : malgré l’existence d’un vaccin efficace, on recense encore 200.000 cas dans le monde et 30.000 décès par an. Elle illustre aussi un changement de vecteur et de cycle (forestier/urbain)
Les singes :
- En hôte initial : Sida : 32 millions de morts
- En hôte intermédiaire : Ebola, : 11 300 morts, surtout depuis 2013.
Les carnivores (sauvages ou chiens et chats errants dans les pays où la vaccination n’est pas développée) :
- La rage, qui tue encore près de 60.000 personnes par an, surtout de jeunes de moins de 15 ans.
Puis on trouve des vecteurs plus marginaux :
- La tique : Maladie de Lyme
- La civette palmée : Sras depuis 2002
- Les dromadaires : Mers depuis 2012
D’autres zoonoses concernent des animaux qui nous sont très familiers :
https://www.businessinsider.fr/11-maladies-que-les-animaux-peuvent-transmettre-aux-humains/
Ensuite, la maladie peut, ou pas, se transmettre d’homme à homme. Bien sûr, la transmission entre humain accélère fortement la propagation, car l’homme se déplace beaucoup et il vit majoritairement dans des grandes villes très densément peuplées (ou avec beaucoup de lieux d’échanges).
Et l’Environnement, alors ?
Là où intervient l’environnement, c’est que les animaux se développent dans un écosystème particulier (grottes pour les chauves-souris, flaques d’eau croupissante ou marais pour les moustiques, arbres pour les tiques, etc…). Dans la nature, un équilibre s’est créé entre les animaux et les végétaux au cours de l’Evolution.
Or on estime que 75% des écosystèmes terrestres et plus de 65% des écosystèmes marins sont actuellement significativement modifiés par les activités humaines, et ce principalement en moins d’un siècle.
L’homme, en détruisant partiellement certains écosystèmes (des forêts primaires par exemple), pour exploiter des ressources naturelles (bois, mines, etc…) et accroitre les surfaces cultivées, déséquilibre ces écosystèmes.
Cela pousse certains animaux à se déplacer. Certains se multiplient fortement, car leurs prédateurs ont disparu, d’autres se retrouvent plus concentrés sur moins d’espace. Dans les deux cas, cela multiplie les échanges entre eux et d’autres animaux, ce qui permet aux maladies (aux virus notamment) de muter plus rapidement en se recombinant…
L’autre concentration critique qu’il crée est à travers les élevages industriels, notamment de porcs et de volailles. Plus il y a d’animaux, plus les chances que l’agent pathogène mute, se recombine et potentiellement s’adapte à l’homme sont nombreuses.
L’homme enfin amplifie la diffusion :
- Par ses nombreux déplacements et sa densité, on l’a vu, quand le virus est transmissible entre humains. Notamment les transports (surtout l’avion, très rapide, qui ne laisse pas le temps au porteur d’être détecté, et les transports en commun, les lieux de consommation, de travail, de divertissement…).
- Et par les nombreux échanges de marchandises : des végétaux et des animaux porteurs sont introduits dans tous les continents, sautant les océans et les autres barrières naturelles. Ces animaux arrivent dans des environnements auxquels ils n’avaient pas accès avant, et dans lesquels ils n’ont pas de prédateurs. Ils peuvent donc s’y développer fortement.
Last but not least : le réchauffement climatique a pour conséquence de rendre certaines zones propices aux animaux vecteurs, alors qu’il y faisait trop froid avant pour qu’ils y vivent.
Le moustique tigre par exemple est le vecteur de la Dengue et du Chikungunya. Il colonise progressivement tous les départements français (58 sur 96 en 2019), alors qu’il était confiné avant aux zones tropicales…
Citons aussi la fièvre du Nil occidental.
Conclusion ( ?)
En 2018, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a évoqué une «maladie X» dans la liste des pathologies pouvant potentiellement provoquer un «danger international», invitant les gouvernements à anticiper et à stopper les processus qui provoquent les épidémies de masse et pas seulement à répondre aux maladies lorsqu’elles apparaissent.
L’humanité rencontrera toujours des espèces virales, microbiennes et parasitaires auxquelles elle n’est pas adaptée et contre lesquelles elle n’est pas préparée. On estime que les 5400 espèces de mammifères connus dans le monde hébergent quelque 460 000 espèces de virus, dont l’immense majorité reste à décrire. L’immense majorité de ces espèces virales sont inoffensives pour l’homme. Pour l’instant.